- GORGONE
- GORGONEGORGONEMonstre de la mythologie grecque. Homère ne mentionne qu’une seule Gorgone, habitant aux enfers. Plus tard, Hésiode, portant leur nombre à trois — Sthéno (la Puissante), Euryalé (Celle-qui-saute-loin) et Méduse (la Reine) —, fit des Gorgones les filles du dieu marin Phorcys et de sa femme Céto. Elles habitaient près du jardin des Hespérides.On représente les Gorgones comme des créatures féminines ailées, à la chevelure de serpents, aux mains de bronze; elles ont le nez épaté, le cou protégé par des écailles, le regard étincelant; elles tirent la langue et ont de grandes défenses de sanglier. Des trois Gorgones, seule Méduse était mortelle; c’est pourquoi Persée dut la tuer en lui coupant la tête. Du sang qui s’échappait de la blessure mortelle faite à son cou naquirent Chrysaor et Pégase, tous deux fils de Poséidon; en effet, lui seul parmi les dieux n’avait pas craint de s’unir à Méduse, dont la tête, pourtant, changeait en pierre ceux qui la regardaient. Athéna plaça cette tête sur son bouclier, ou sur son égide, où elle garda son terrible pouvoir. Le type primitif, grotesque et hideux, du Gorgonéion — c’est ainsi que s’appelait la tête de la Gorgone — servait en général de talisman contre le mauvais œil. D’après les anthropologues modernes, Méduse représentait probablement, à l’origine, un masque rituel.• XVIe myth.; lat. gorgon, mot gr.1 ♦ Myth. Monstre mythologique à la chevelure de serpents et au regard pétrifiant. La Gorgone.♢ Arts Tête décorative de femme à la bouche ouverte et à la chevelure de serpents.2 ♦ (1856) Zool. Cœlentéré coralliaire (anthozoaires) formant des colonies arborescentes. ⇒ polypier. (On dit aussi GORGONIE .)Synonymes :- furie- harpie- mégèregorgonen. f. ZOOL Cnidaire octocoralliaire des mers chaudes, à squelette corné en éventail, de couleurs variées.⇒GORGONE, subst. fém.A. — 1. MYTH. GR. Personnage fabuleux, de type plutôt féminin, qui se caractérise généralement par des ailes, des défenses de sanglier, une chevelure de serpents, un regard fixe, pétrifiant et qui symbolise une puissance redoutable. Les trois Gorgones : Méduse, Euryale, Sthényo. Jamais guivre, jamais gorgone (...) ne fut plus lippue, plus hideuse, plus sinistre, plus épouvantable à voir (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 91). L'on ne savait trop (...) si tel monstre, comme le sphinx ou la gorgone dont triomphait Œdipe ou Bellérophon, tenait ou de l'homme ou du dieu (GIDE, Thésée, 1946, p. 1417). Cf. aussi capripède ex. 1.— P. méton., B.-A. Représentation de ce personnage, notamment de sa tête. Blocs taillés, où des gorgones Dardent les réseaux noirs des vipères mortelles (VERHAEREN, Villes tentac., 1895, p. 135).2. Au fig.a) Personne qui inspire une forte répulsion par sa laideur, sa méchanceté, etc. D'après ces préséances de hideur, passait successivement (...) une série de têtes de gorgones (...) l'embryon suisse Marat (...) pérorait le premier (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 376). Bergaillot avait encore un petit frisson quand il revoyait ses cheveux gris (...) une gorgone en tablier sale [la mère Lacombe] (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 447).b) Chose qui rebute, effraie. On avait vu (...) la rage, la rancune, toutes les gorgones, triompher (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 208). Cette maison (...) était, en réalité, gluante (...). La Gorgone du vomissement était accroupie dans la cuisine (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 221).B. — [P. anal. de forme] HIST. NAT. Animal marin (Cœlentérés), à polypier corné en ramifications arborescentes. Gorgone éventail. La bête et la fleur [marines] sont confuses. (...) éventails jaunes, lilas, moirés Des gorgones, dont les rameaux sont ajourés Comme du filigrane (RICHEPIN, Mer, 1886, p. 66). Gorgone verruqueuse. Cette espèce est un Polypier se présentant sous forme d'arbuscules très rameux (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 168). Cf. aussi coralline A rem.REM. Gorgonien, -ienne, adj., littér. Qui caractérise ou évoque la gorgone. Une lamentation gorgonienne emplit les montagnes et les vallées (CLAUDEL, Tête d'or, 1890, 3e part., p. 152).Prononc. et Orth. : [
]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. Av. 1560 Gorgonne myth. (DU BELLAY, Œuvres, éd. H. Chamard, II, 201); p. anal. 2. 1775 zool. subst. masc. (VALM., s.v. zoophyte). Empr. au lat. de l'époque imp. Gorgona, class. Gorgo(n), -onis, du gr.
de
« terrible ». On trouve un lat. sc. Gorgonia (1745, LINNÉ, Amoenitates academicae, I ds AGASSIZ Pol.) déjà attesté chez Pline, d'où début XVIe s. le fr. Gorgonia « corail » (J. LEMAIRE DE BELGES, Couronne margaritique, éd. J. Stecher, t. 4, p. 84). Fréq. abs. littér. : 22.
gorgone [gɔʀgɔn] n. f.❖1 Myth. Monstre mythologique. || Les trois Gorgones, Sthéno, Euryale et Méduse, filles de Phorcys et de Céto, étaient selon Eschyle des « vierges ailées à la chevelure de serpents » qui pétrifiaient les mortels qui les regardaient. || La Gorgone désigne le plus souvent Méduse. || Tête de la Gorgone sur l'égide. — Par ext. et fam. (vieilli). Femme méchante (⇒ Harpie, mégère) ou, plus rare, femme très laide. — Archit. Tête décorative de femme, vue de face, à la bouche ouverte et à la chevelure de serpents.0 On eût dit que quelque autre église avait envoyé à l'assaut de Notre-Dame ses gorgones, ses dogues, ses grées, ses démons, ses sculptures les plus fantastiques. C'était comme une couche de monstres vivants sur les monstres de pierre de la façade.Hugo, Notre-Dame de Paris, X, IV.2 (1775). Zool. Animal Cœlentéré coralliaire (Octocoralliaires) pourvu d'un polypier corné et formant une colonie arborescente qui rappelle la tête d'une Gorgone. ⇒ Polypier. On dit aussi gorgonie.❖DÉR. (Du sens 2.) Gorgonaires.
Encyclopédie Universelle. 2012.